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Les legaltechs, cheval de Troie pour les avocats ?

Tech&droit - Start-up
13/06/2017
La digitalisation de la société par l’avènement de nouvelles technologies portées par le développement de l’intelligence artificielle touche de nombreux domaines d’activités, dont les effets s’illustrent et se ressentent au quotidien : nous pensons évidemment à l’ubérisation de la profession de taxi ou encore à la refonte totale du modèle locatif par la création de AirBnB. Désormais et depuis quelques d’années, le secteur du droit est également touché par cette révolution numérique qui promet de transformer la manière de penser le droit et de l’utiliser.
À l’évidence, les avocats sont les premiers touchés par ce phénomène dans la mesure où ils sont, de manière générale, le lien entre le client profane et les circuits juridiques trop complexes pour s’y plonger sans l’assistance d’un professionnel.

Les legaltechs au service des professionnels du droit
Ainsi, la première innovation remarquable repose sur l’usage du big data pour le droit avec l’apparition de moteurs de recherche et de plateformes regorgeant d’algorithmes nouveaux mettant en œuvre les processus de l’intelligence artificielle. L’exemple le plus frappant est celui de Predictice (société qui a conclu un partenariat exclusif avec Wolters Kluwer), solution en ligne et destinée aux professionnels du droit pour anticiper avec le plus de précision possible l’issue d’un litige et les chances d’indemnisation (deux autres start-up, Case Law analytics ou encore Supra legem proposent des solutions similaires).
Le big data joue un rôle primordial dans le succès de ce type de start-up du droit, autrement appelé legaltech, de telle sorte que plus les données jurisprudentielles seront ouvertes au public (bien que Légifrance regroupe des milliers de décisions, cela ne représente en réalité qu’une infime quantité des jugements rendus chaque année), plus la prévisibilité d’un litige sera efficace.
Preuve de cet engouement, certains magistrats français ont décidé d’avoir recours à Predictice à des fins d’assistance seulement (non, les juges ne seront pas remplacés par des robots), pour améliorer leur prise de décision.
Sous cet angle donc, les legaltechs aident les avocats et ne représentent pas de danger pour leur activité : au contraire, la qualité du service ne s’en trouve qu’améliorée.

Les risques soulevés par certaines legaltechs
Toutefois, d’autres legaltechs ne sont pas vues d’un aussi bon œil par les avocats, dans la mesure où elles ont pour objet de reprendre à leur compte la rédaction automatisée et standardisée des actes à faible valeur ajoutée. C’est le cas pour la rédaction de statuts ou encore de contrats de travail : tout se fait en ligne, à moindre coût et beaucoup plus rapidement que par le recours à un avocat. Mais à quel prix s’opère cette transformation ?
Pas sans risque en tout cas. En effet, les legaltechs se développent sans se heurter aux limitations normalement imposées par le droit, comme la déontologie de la profession d’avocat (secret professionnel, notamment) et s’affranchissent donc de ces contraintes pourtant protectrices des clients et garantes de la pérennité du métier. Comment garantir aux clients la fiabilité d’un document généré en ligne quand aucun avocat n’intervient dans le processus de création, ni de validation ? Toutes les start-up du droit n’empruntent pas ce circuit et se distinguent donc par la présence d’avocats dans leurs rangs.
Les nouvelles technologies qui s’emparent ainsi du droit doivent donc évoluer avec et pour le droit, sans quoi leur développement sera sans cesse obstrué par les réticences et appréhensions des professionnels du secteur. 
Source : Actualités du droit