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Pierre Berlioz, directeur de l'école de formation des barreaux : « La finalité du Lab est d’être une école de la transformation numérique et une pépinière de projets »

Tech&droit - Start-up
16/04/2018
La transformation numérique fait son entrée à l'école de formation du barreau (EFB). L'objectif : préparer les élèves aux profondes évolutions que traverse la profession. Mais pas seulement. L'école souhaite également les encourager à être eux-mêmes acteurs de disruption et à revêtir la robe de l'entrepreneur. Les explications de Pierre Berlioz, ancien conseiller du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas et nouveau président de l'EFB.
Actualités du droit : Le programme de l’EFB prévoit-il une mise à niveau minimum sur la blockchain, l’IA ou encore la cybersécurité ?
Pierre Berlioz : Le programme de l’EFB ne propose pas, en tant que tels, des enseignements sur ces sujets. En revanche, il le prévoit indirectement par le Lab. 

Le Lab organise en effet une initiation minimum aux technologies numériques. Concrètement, cela prend la forme d’un e-learning. Vingt-cinq heures de formation sont donc dispensées aux élèves sur les nouvelles technologies au service de l’avocat (les enseignements sensibilisent les élèves aux grands enjeux de la transformation numérique et les forment aux sujets du moment : IA, justice prédictive, algorithmes, blockchain, legal design, webmarketing).

ADD : Quels sont les objectifs que vous poursuivez à travers la création du Lab ?
P. B. :
Le Lab est une structure assez singulière dans une école d’avocats. Nous sommes la seule école d’élèves avocats à proposer un parcours aussi poussé en France.

Sa principale finalité est d’être une école de la transformation numérique et une pépinière de projets. Faire travailler tous les élèves en groupe sur des projets et les initier aux nouvelles technologies sont ses deux objectifs premiers. Tous les élèves suivent ce programme qui est obligatoire. Par groupe de six, sous la direction d’intervenants spécialisés et la supervision d’avocats ayant l’expérience des nouvelles technologies, ils doivent concevoir un projet d’application blockchain ou d’intelligence artificielle, de blog pour un cabinet, d’outil de legal design, de visual design ou de justice prédictive... 

Parmi tous ces projets, le Lab a vocation à détecter ceux qui pourraient émerger, afin de les accompagner dans le cadre d’un parcours spécifique, ouvert également à des projets spontanés. Ce format est plus individualisé et repose sur un volontariat. L’objectif est de donner les moyens aux élèves avocats de travailler sur leur innovation, puis de les mettre en relation avec des acteurs du numérique afin de confronter leur spontanéité à l’expérience de professionnels accomplis. 

Le Lab a également vocation à organiser des hackatons sous différentes formules, ouverts pourquoi pas à d’autres écoles (école de commerce, d’ingénieurs, etc.).

ADD : Comment se coordonneront ses missions avec celles de l’incubateur du Barreau de Paris ?
P. B. : 
Comme je l’ai indiqué, certains projets particulièrement prometteurs auront la possibilité de bénéficier d’un accompagnement individualisé, dans le cadre d’un parcours spécifique, pour qu’ils puissent se développer jusqu’à devenir de véritables projets d’entreprise. Ils ont alors naturellement vocation, une fois leurs porteurs devenus avocats, à bénéficier du soutien de l’incubateur. 

L’idée, c’est d’avoir la pépinière, pour les élèves avocats, et l’incubateur, pour les avocats. Le Lab assurera la détection des petits germes qui ont un potentiel, les aidera à se développer et ensuite passera le relais à l’incubateur.

ADD : L’incubateur s’est-il installé comme prévu à l’EFB ?
P. B. :
 Les locaux de l’incubateur à l’EFB seront officiellement inaugurés avant l'été, en même temps que le Lab, en présence du secrétaire d’État au numérique, M. Mahjoubi. 

Propos recueillis par Gaëlle MARRAUD des GROTTES
Source : Actualités du droit