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Hervé d’Harcourt, directeur de la stratégie et du développement social au sein de la DRH Groupe de BPCE : « Notre accord de GPEC doit accompagner la transformation de nos métiers »

Social - Fonction rh et grh, IRP et relations collectives
08/02/2018
Le groupe bancaire BPCE, né de l'union des Banques populaires et des Caisses d'épargne, vient de conclure avec ses syndicats CFDT, CFE-CGC et UNSA, un accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Eclairages avec Hervé d’Harcourt, directeur de la stratégie et du développement social au sein de la DRH Groupe.
Actualités du droit : Dans quel contexte avez-vous négocié cet accord de GPEC ?
Hervé d’Harcourt : Il s'agit de notre troisième accord de GPEC. Je rappelle que notre groupe, qui rassemble 106 000 collaborateurs, est né en 2009. Ce renouvellement d'accord tombait à pic, car ce nouveau texte accompagne, pour la première fois dans l'histoire de notre groupe, un plan stratégique, en l'occurrence TEC 2020. D'un point de vue RH, celui-ci anticipe une transformation radicale de certains de nos métiers, principalement sous l'effet de la digitalisation et des nouveaux modes de consommation. Nous estimons qu'environ 7 000 conseillers d'accueil verront leurs métiers disparaître ou se transformer. Parallèlement, nous anticipons une augmentation de 50 % du nombre de conseillers spécialisés dans notre réseau, dans le but d'apporter davantage de services très ciblés à nos clients. Nous sommes donc confrontés à un double défi : améliorer la satisfaction de nos clients et accompagner la transformation de nos métiers. Pour mener à bien ces objectifs, nous avons pris en concertation avec les partenaires sociaux un certain nombre d'engagements en direction de nos salariés. Le mot "engagement" est au cœur de notre plan TEC 2020 dont la lettre "E" prend alors tout son sens.

AdD : Quels sont ces engagements ?
H. H. : Notre promesse employeur repose sur deux piliers : le développement de l'employabilité, des salariés acteurs du changement, et l'expérience collaborateur via la mise à disposition d'outils. Nous avons tenté avec nos syndicats - je rappelle que l'ensemble de nos organisations syndicales représentatives au niveau du groupe ont signé l'accord - de trouver les dispositifs les plus pertinents car la donne a aujourd'hui changé. Les salariés n'attendent pas que l'on leur explique les changements, ils veulent en être les acteurs. Ils souhaitent construire leurs parcours professionnels. C'est aussi pour cette raison que notre accord met tant l'accent sur la mobilité et la formation avec une augmentation de plus de 25 % du nombre d’heures, soit la mobilisation de 10 millions d’heures de formation au total sur la durée de l’accord. Auparavant nous consacrions 5,5 % de notre masse salariale à la formation, ce qui était loin d'être négligeable. Cet effort, nécessaire pour accompagner la transformation des métiers, sera principalement fléché vers les métiers amenés à évoluer et les managers. En outre, nous allons concevoir de nouveaux modes d'accès (vidéos, tutoriels...) à la formation de manière à offrir à nos collaborateurs une plus grande souplesse dans la manière de se former. Concernant la mobilité, nous avons généralisé la prime d’installation en cas de mobilité interentreprises accompagnée d'une mobilité géographique. Nous mettons aussi en place une plateforme intranet "Mobiliway" dédiée à l’information et à la préparation aux entretiens de mobilité. Le but est là encore que le collaborateur devienne acteur de ses choix. Toutes ces mesures seront entièrement déployées d'ici à 2020. Le groupe BPCE donne une impulsion, nos entreprises sont ensuite libres d'adapter ces dispositions.

AdD : Avez-vous prévu de favoriser la mobilité externe ? Pensez-vous à la rupture conventionnelle collective ?
H. H. : Nous avons introduit de la mobilité externe sécurisée pour des salariés désireux de se projeter hors de l'entreprise. Chaque entreprise du groupe pourra se saisir ou non de cette opportunité. En outre, pour les seniors âgés de 58 et plus dont les métiers sont susceptibles d'être transformés, nous leur permettons d'accéder à une aide financière afin qu'ils complètent leurs trimestres. Ils pourront également obtenir une majoration de leur indemnité de départ à la retraite. Concernant la rupture conventionnelle collective, qui se situe hors du champ de notre accord de GPEC, il n'y a aucun projet sur la table aujourd'hui.

AdD : Pourquoi les pratiques managériales doivent-elles évoluer ?
H. H. : Le renouvellement des pratiques managériales est sous-tendu par la transformation digitale et les nouveaux modes de travail. L'agence bancaire de demain sera radicalement différente. Du coup, le management devra aussi s'adapter et évoluer, car les produits seront différents, la notion de qualité de service deviendra primordiale. En simplifiant, on pourrait dire que les managers ne seront plus ces personnes qui décident de tout, ils seront davantage positionnés comme des coachs pour nos collaborateurs. La formation managériale intégrera donc cette notion de service.

AdD : Comment l'accord va-t-il être mis en œuvre ?
H. H. : Chaque entreprise du groupe doit commencer à consulter ses instances. Elles ont six mois pour mener à bien ces informations. Au sein de l'équipe DRH groupe, nous avons plannifié des réunions d'information dans les différentes entités du groupe sur le contenu du texte. En outre des réunions bilan du suivi de l'accord seront régulièrement organisées avec les syndicats signataires.

Propos recueillis par Jean-François Rio
Source : Actualités du droit