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Intelligence artificielle : 1-0 pour les robots dans un match les opposant aux avocats

Tech&droit - Intelligence artificielle
08/11/2017
Lors d’une confrontation inédite entre une intelligence artificielle et des avocats qui s’affrontaient dans le cadre de litiges portant sur des ventes abusives, les robots viennent de marquer un premier point. Le résultat doit cependant être accompagné de certaines réserves. L'analyse d'Arnaud Touati, avocat associé, co-fondateur du cabinet Alto Avocats, et Gary Cohen, collaborateur.
Les enjeux de cette première confrontation homme/machine
Depuis déjà quelques temps, l’intelligence artificielle s’est attaquée à la matière juridique, notamment par le biais des logiciels dits de "justice prédictive" qui permettent d’avoir une meilleure visibilité et prévisibilité sur l’issue d’un dossier. Il est, par exemple, possible de soumettre un cas et d’obtenir les probabilités de réussite et le montant espéré des dommages et intérêts par rapport à ce qui a pu être jugé précédemment, dans une affaire similaire.

Mais l’intelligence artificielle a franchi, lors d’un concours se déroulant en Angleterre, une nouvelle étape à l’occasion d’une confrontation inédite entre intelligence artificielle et avocats. L’intelligence CaseCruncher Alpha a ainsi fait ses preuves.

Il s’agit d’un système d’intelligence artificielle dédié à la prédiction de décisions juridiques, qui ambitionne de réduire le temps et l’argent consacrés à aux problématiques légales des entreprises, tout en égalant ou en surpassant la précision humaine.

Les initiateurs de ce projet veulent savoir s’il existe une « dimension objective aux connaissances juridiques et si oui, ils veulent construire une intelligence artificielle qui peut prédire n’importe quel cas ».

Si la réponse s’avère négative, il reviendra à la justice de combler ce manque. CaseCruncher Alpha est l’ébauche de trois étudiants en droit de Cambridge. Elle réunit une équipe d’informaticiens, de scientifiques, d’avocats et même de linguistes…

Déroulement et vainqueur du match
Cette équipe, jeune et polyvalente, s’est présentée à une compétition de haut niveau réunissant plusieurs avocats londoniens.

Lors de la "compétition", CaseCruncher Alpha et les avocats ont reçu des faits généraux concernant des centaines de cas de ventes abusives. L’objectif était de déterminer comment l’organe en charge de recevoir les dossiers allait réagir (en le jugeant recevable ou irrecevable à réclamation).

L’intelligence artificielle a frappé fort en remportant la bataille à la suite de la soumission de 775 prédictions.

La principale raison de ce taux de réussite élevé (86,3 % contre 66,3 %) semble être que l’intelligence artificielle comprend mieux l’importance des facteurs non juridiques que les avocats.

Mais alors, se pose manifestement la question de savoir si les avocats pourraient être remplacer par des robots.

Une issue à relativiser
L’évaluation des résultats obtenus à Londres est délicate. Ces résultats ne signifient pas que les machines prédisent mieux les résultats que les avocats humains. Ces résultats montrent simplement que si la question est définie avec précision, les machines sont en mesure de concurrencer et parfois de surpasser l’Homme.

Mais pour l’instant, CaseCruncher Alpha est seulement capable d’analyser les informations qu’il reçoit. Etant un robot, il manque à CaseCruncher une capacité inaliénable à la profession d’avocat, celle de l’émotion humaine sans laquelle il est difficile de convaincre et de persuader.

Affaire à suivre…  
 
Source : Actualités du droit