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Renaud Bouet : L’opportunité qui nous a été donnée s’inscrit dans une réflexion RSE-inclusion que l’on a construite depuis quelques années. Nous sommes dans un marché du travail assez tendu, malgré un secteur qui se porte bien et qui est créateur d’emplois peu qualifiés. Résultat, quand vous ouvrez un entrepôt avec un besoin de recrutement de 50 à 500 personnes, la gestion des ressources devient complexe.
BTL : Être l’ambassadeur des métiers de la supply-chain, c’est un rôle qui vous oblige ?
R. B. : Au sein d’ « Each One », nous sommes en effet le seul logisticien aux côtés d’autres entreprises comme Adecco, BNP Paribas, Kuehne + Nagel ou encore Generali. « Each One » a fait la démarche d’identifier les secteurs où la main-d’œuvre est conséquente. Pour ID Logistics il est important de redonner un projet de vie à des collaborateurs qui viennent de pays en conflit (Afghanistan, Bengladesh, Soudan, Guinée…). La question est, comment nous nous mettons en ordre de marche pour les préparer aux emplois de demain ? Certains étaient techniciens, d’autres managers dans leur pays d’origine, avec un rapport au travail différent. L’objectif de la coalition européenne « Each One » est de recruter, à l’horizon 2025, 10 000 personnes réfugiées sur des emplois durables.
BTL : Comment s’est passé le processus, de la sélection au recrutement des candidats ?
R. B. : Une quarantaine de candidats en provenance d’Afrique et d’Asie centrale ont été finement sélectionnés par Pôle Emploi. Une formation de 3 mois a été organisée par l’AFTRAL de décembre 2022 à février 2023 pour des profils de préparateurs de commandes, ainsi qu’une formation au CACES. L’objectif était de faire découvrir aux futurs collaborateurs l’environnement dans lequel ils allaient travailler. Le cycle de formation s’est achevé le 3 mars. Au bout du processus, nous avons douze candidats (une femme, onze hommes) formés à la préparation de commande et à la conduite de chariots autoportés.
Nous les avons recrutés en CDI sur notre site d’Aulnay-sous-Bois. Pour une parfaite intégration sur le site, chacune de ces nouvelles recrues est parrainée par un collaborateur ID Logistics ayant la même langue maternelle. Aussi, nous travaillons actuellement avec « Each One » pour une hausse de la féminisation des postes.
BTL : Au regard de l’expérience que vous avez, quels sont les écueils à éviter et les défis à relever ?
R. B. : Pour des raisons de sécurité, les candidats choisis avaient déjà un passé professionnel dans leur pays d’origine. Ils étaient informaticiens, peintres en bâtiment, menuisiers, électriciens, aide infirmière… Le challenge a été de les inciter à travailler dans un environnement nouveau, complexe, qui n’est pas le leur. La prochaine étape avec la coalition « Each One » sera de former ces personnes réfugiées au management de proximité, le « middle management ». La technique est facilement assimilable, avoir un bon comportement au travail et de bons réflexes est toujours plus long à acquérir.
BTL : Est-ce aussi une manière de consolider votre stratégie RSE ?
R. B. : La RSE englobe le volet social et environnemental. Malgré une tension du marché de l’emploi, notre groupe embauche entre 700 et 900 collaborateurs par an. L’inclusion est donc un élément majeur dans notre stratégie de recrutement. Dans la mesure où le secteur est en tension, l’inclusion est aussi une manière de répondre à cette pénurie de main-d’œuvre. Il convient de créer des vocations sur un secteur qui n’a pas toujours été valorisé et d’amener des personnes, qui n’étaient pas dans le secteur du transport et de la logistique, à se former à ses métiers. Nous menons ces travaux avec Pôle Emploi et « Each One ». Il existe peu de secteurs où vous avez la possibilité de vous former et de continuer votre carrière dans la même entreprise.
BTL : Quelle forme prend votre politique d’inclusion à l’international ?
R. B. : Au Brésil, nous apportons une aide à l’éducation et à l’embauche de jeunes issus de zones défavorisées, en partenariat avec l’ONG « IDEBRA ». L’idée est de leur donner un projet de vie et de jouer un rôle d’ascenseur social. Nous faisons la même chose en France en participant à des trophées d’improvisation pour aider les jeunes à prendre la parole en public et leur faire découvrir l’environnement de la logistique.
BTL : Les mauvaises langues ne risquent-elles pas de dénoncer un certain affichage marketing ?
R. B. : La réflexion autour de l’inclusion fait partie intégrante d’ID Logistics, et ce depuis sa création en 2001. L’inclusion est un vrai sujet pour notre entreprise ; cette nouvelle brique d’intégration de réfugiés se conjugue avec tout ce que l’on a pu faire auparavant sur le handicap. Avec ce projet « EachOne, » nous avons couplé les enjeux RSE aux enjeux opérationnels.
(1) La coalition « Each one for Tomorrow » a été créé en mars 2022 avec le soutien du Boston Consulting Group (BCG). Théo Scubla est le CEO et le fondateur de cette start-up sociale labellisée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) pour accompagner les personnes réfugiées et les nouveaux arrivants vers un emploi durable à la hauteur de leurs compétences.
Propos recueillis par Louis Guarino
Recrutement de réfugiés dans la supply-chain : « coupler la RSE aux enjeux opérationnels »
Transport - Route
30/03/2023
Le groupe ID Logistics collabore avec « Each One for Tomorrow », une coalition réunissant de grandes entreprises européennes, afin de former et recruter des réfugiés sur des emplois durables dans la logistique. Renaud Bouet, DRH du groupe, décrit la philosophie d’un partenariat qui s’appuie sur l’inclusion et la stratégie RSE de l’entreprise présidée par Éric Hémar.
Renaud Bouet : L’opportunité qui nous a été donnée s’inscrit dans une réflexion RSE-inclusion que l’on a construite depuis quelques années. Nous sommes dans un marché du travail assez tendu, malgré un secteur qui se porte bien et qui est créateur d’emplois peu qualifiés. Résultat, quand vous ouvrez un entrepôt avec un besoin de recrutement de 50 à 500 personnes, la gestion des ressources devient complexe.
BTL : Être l’ambassadeur des métiers de la supply-chain, c’est un rôle qui vous oblige ?
R. B. : Au sein d’ « Each One », nous sommes en effet le seul logisticien aux côtés d’autres entreprises comme Adecco, BNP Paribas, Kuehne + Nagel ou encore Generali. « Each One » a fait la démarche d’identifier les secteurs où la main-d’œuvre est conséquente. Pour ID Logistics il est important de redonner un projet de vie à des collaborateurs qui viennent de pays en conflit (Afghanistan, Bengladesh, Soudan, Guinée…). La question est, comment nous nous mettons en ordre de marche pour les préparer aux emplois de demain ? Certains étaient techniciens, d’autres managers dans leur pays d’origine, avec un rapport au travail différent. L’objectif de la coalition européenne « Each One » est de recruter, à l’horizon 2025, 10 000 personnes réfugiées sur des emplois durables.
BTL : Comment s’est passé le processus, de la sélection au recrutement des candidats ?
R. B. : Une quarantaine de candidats en provenance d’Afrique et d’Asie centrale ont été finement sélectionnés par Pôle Emploi. Une formation de 3 mois a été organisée par l’AFTRAL de décembre 2022 à février 2023 pour des profils de préparateurs de commandes, ainsi qu’une formation au CACES. L’objectif était de faire découvrir aux futurs collaborateurs l’environnement dans lequel ils allaient travailler. Le cycle de formation s’est achevé le 3 mars. Au bout du processus, nous avons douze candidats (une femme, onze hommes) formés à la préparation de commande et à la conduite de chariots autoportés.
Nous les avons recrutés en CDI sur notre site d’Aulnay-sous-Bois. Pour une parfaite intégration sur le site, chacune de ces nouvelles recrues est parrainée par un collaborateur ID Logistics ayant la même langue maternelle. Aussi, nous travaillons actuellement avec « Each One » pour une hausse de la féminisation des postes.
BTL : Au regard de l’expérience que vous avez, quels sont les écueils à éviter et les défis à relever ?
R. B. : Pour des raisons de sécurité, les candidats choisis avaient déjà un passé professionnel dans leur pays d’origine. Ils étaient informaticiens, peintres en bâtiment, menuisiers, électriciens, aide infirmière… Le challenge a été de les inciter à travailler dans un environnement nouveau, complexe, qui n’est pas le leur. La prochaine étape avec la coalition « Each One » sera de former ces personnes réfugiées au management de proximité, le « middle management ». La technique est facilement assimilable, avoir un bon comportement au travail et de bons réflexes est toujours plus long à acquérir.
BTL : Est-ce aussi une manière de consolider votre stratégie RSE ?
R. B. : La RSE englobe le volet social et environnemental. Malgré une tension du marché de l’emploi, notre groupe embauche entre 700 et 900 collaborateurs par an. L’inclusion est donc un élément majeur dans notre stratégie de recrutement. Dans la mesure où le secteur est en tension, l’inclusion est aussi une manière de répondre à cette pénurie de main-d’œuvre. Il convient de créer des vocations sur un secteur qui n’a pas toujours été valorisé et d’amener des personnes, qui n’étaient pas dans le secteur du transport et de la logistique, à se former à ses métiers. Nous menons ces travaux avec Pôle Emploi et « Each One ». Il existe peu de secteurs où vous avez la possibilité de vous former et de continuer votre carrière dans la même entreprise.
BTL : Quelle forme prend votre politique d’inclusion à l’international ?
R. B. : Au Brésil, nous apportons une aide à l’éducation et à l’embauche de jeunes issus de zones défavorisées, en partenariat avec l’ONG « IDEBRA ». L’idée est de leur donner un projet de vie et de jouer un rôle d’ascenseur social. Nous faisons la même chose en France en participant à des trophées d’improvisation pour aider les jeunes à prendre la parole en public et leur faire découvrir l’environnement de la logistique.
BTL : Les mauvaises langues ne risquent-elles pas de dénoncer un certain affichage marketing ?
R. B. : La réflexion autour de l’inclusion fait partie intégrante d’ID Logistics, et ce depuis sa création en 2001. L’inclusion est un vrai sujet pour notre entreprise ; cette nouvelle brique d’intégration de réfugiés se conjugue avec tout ce que l’on a pu faire auparavant sur le handicap. Avec ce projet « EachOne, » nous avons couplé les enjeux RSE aux enjeux opérationnels.
(1) La coalition « Each one for Tomorrow » a été créé en mars 2022 avec le soutien du Boston Consulting Group (BCG). Théo Scubla est le CEO et le fondateur de cette start-up sociale labellisée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) pour accompagner les personnes réfugiées et les nouveaux arrivants vers un emploi durable à la hauteur de leurs compétences.
Propos recueillis par Louis Guarino
Source : Actualités du droit
